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Une quête sur la nature de l'amour

La nature de l'amour a été pour moi une enquête, et je crois avoir trouvé et senti bien plus de réponses que je ne l'aurais cru possible. J'en suis infiniment reconnaissante. Un concept a mené cette quête, un concept spirituel dont ma mère m'a parlé pendant mon adolescence : l'amour inconditionnel. Cet amour spirituel, à la différence de l'amour possessif, passionné tel qu'on nous le décrit, signifie aimer sans conditions, c'est-à-dire sans rien attendre en retour. Cela me semblait à la fois une utopie et un idéal à toujours rechercher. Pourquoi ? Parce que théoriquement, déjà à cette époque, il me semblait difficile à justifier qu'aimer signifie posséder, attendre de, souffrir pour, souffrir à cause de. Comment oser dire que c'est un acte d'amour d'interdire des choses à l'autre ? De lui dire quoi faire ? De lui imposer des conditions qu'il doit remplir pour mériter cet amour ? Est-ce vraiment tout ce que nous pouvons espérer en tant qu'être humain ?


Et pourtant, j'ai été jalouse et j'ai blâmé l'autre pour cela, j'ai voulu posséder, garder, j'ai étouffé, j'ai fait des demandes, des injonctions, j'ai souffert en disant que cela était de l'amour, j'ai fait des sacrifices en demandant à l'autre de faire de même. J'ai pensé que je devais me soumettre à des règles, donner aux autres ce qu'ils souhaitent, de peur, toujours, de perdre cet amour, celui-là même qui remplirait le vide de mon non-amour de moi-même. J'ai eu des attentes, fait des projections, et ainsi j'ai fait violence aux autres, et les autres m'ont fait violence. Et je le ferais encore, à moindre dose, parce que je suis délicieusement faillible. Parce que c'est ainsi que notre société nous éduque à aimer.

Et ces peurs et désirs, que je nommais Amour, m'ont inspiré des poèmes déchirants, beaux comme un coup d'épée. Mais je sentais que quelque chose sonnait faux. La logique d'appeler ces jeux de pouvoirs, et ces cœurs torturés, de l'amour, m'échappait. A un amant j'ai un jour écrit :

Et ceci n'est pas la juste manière d'aimer

Cette violente passion ne sait que consumer

Un grand lac tranquille doit venir lui succéder.

Torrent, par pitié, calme ta fureur

Qui va me briser de l'intérieur,

Et me laisser dans l'erreur.

Qu'ai-je trouvé dans ma quête ? Quelles sont les clés qui pour moi, amène à ressentir l'Amour, celui qui envahit d'une chaleur intense sans brûler le cœur, et dont le cadeau ne cache pas des cordes qui attachent et emprisonnent ?


Aimer c'est être auto-suffisant, donc s'aimer soi-même.

Le monde que nous percevons comme extérieur à nous est notre miroir. Ainsi on ne peut aimer l'autre qu'à la hauteur de l'amour qu'on se porte. Je ne parle pas d'une « quantité » d'amour, ou d'à quel point on peut se sacrifier pour l'autre, mais de la qualité de cet amour. Je parle de la fausse croyance que l'amour des autres nous rendra complet, nous rendra heureux. Et que d'un réservoir vide nous pourrions donner à l'autre un amour qui le rendra libre, puissant, épanoui. Plus je m'aime, c'est-à-dire plus je m'accepte, me laisse être, plus je suis mon propre meilleur amie, mes propres parents, là pour me bercer lorsque je suis triste, me pousser en avant lorsque j'ai peur, me féliciter quand je réussis, me taquiner quand je m'inquiète inutilement, me relever quand je tombe, plus je peux offrir la même énergie à l'autre. Plus je suis libre, plus je laisse les autres être libre. Plus je suis affirmée, plus je laisse les autres s'affirmer. Et au contraire, plus je me juge, plus je juge les autres. Je ne trouve jamais autant toutes les autres personnes belles que lorsque je me trouve belle.

Aimer, c'est donc laisser être

Plus que tout ce que je pourrais dire ici, j'aimerais offrir ici deux citations :

« Exister avec l'autre dans un certain espace, dans lequel nous le laissons être tout ce qu'il est à cet instant, dans lequel nous acceptons tout ce qu'il peut être, je crois que c'est la réelle définition de l'amour. »

Tom Woodfin, que j'ai la chance d'appeler mon ami

« L'un des sentiments les plus satisfaisants que je connaisse et aussi l'une des expériences les plus favorables à la croissance de l'autre, vient lorsque j'apprécie cette personne comme j'apprécie un coucher de soleil. Les gens sont juste aussi merveilleux que des couchers de soleil, si je peux les laisser être. En fait, peut-être que la raison pour laquelle nous pouvons vraiment apprécier un coucher de soleil, est que nous ne pouvons pas le contrôler. Quand je regarde un coucher de soleil comme je l'ai fait l'autre soir, je ne me trouve pas moi même en train de dire : "Adoucis lui un peu le orange au coin, mets un peu plus de rouge à la base, utilise un peu plus de rose dans la couleur des nuages. Je ne le fais pas. Je n'essaie pas de contrôler un coucher de soleil. Je le regarde avec respect. »

Carl Rogers, A way of being


Le sacrifice n'est pas un acte amour


Voulez-vous vraiment que les gens qui vous aiment « se sacrifient » pour vous ? Voulez-vous qu'ils renoncent à ce qui les fait grandir, s'épanouir, s'enrichir, au nom de l'amour qu'ils vous portent ? Si non, pourquoi le faites-vous pour les autres ? Je ne dis pas ici qu'il ne faut plus rien faire pour les autres qui nous demanderait un effort dans un premier temps. Mais lorsqu'on énonce à l'autre pourquoi cela nous est difficile, qu'on voit avec soi-même si il est bon pour nous mêmes d'accomplir cet acte, alors si nous choisissons de le faire nous ne l'appellerons plus sacrifice. Car nous serons heureux de le faire pour l'autre, et nous saurons que l'autre respecte notre indépendance, et nous aimera toujours si nous refusons. Je ne me rappelle pas, au cours de ces dernières années, avoir fait un acte pour l'autre que je jugerais comme un « sacrifice ». Je ne me rappelle que d'actes d'amour, qui étaient bons pour moi en même temps qu'ils étaient bons pour l'autre.


L'amour n'est pas souffrance


Lorsque vous souffrez, même si c'est lié à quelqu'un pour qui vous éprouvez aussi de l'amour, cela vient-il vraiment d'un lieu d'amour, ou d'un lieu de peur ? Lorsque vous êtes jaloux, que vous pensez que votre partenaire pourrait préférer cette autre personne à vous, est-ce vraiment de l'amour, ou est-ce parce que vous avez peur de perdre cet amour ? Et si vous avez aussi peur de le perdre, est-ce parce que vous ne pouvez vous donner à vous-mêmes cet amour, et donc vous avez peur de ne plus vous sentir aimé ? Et si vous souffrez, et que vous liez cette souffrance à l'autre, voire que vous le blâmez pour cela, comment pouvez-vous en même temps donner à l'autre de l'amour, un amour qui le rendra libre, vivant, épanoui et heureux ? On nous a appris que l'amour et la souffrance sont intrinsèquement liés, que l'un ne va pas sans l'autre, que la personne que vous aimez vous fera souffrir, que vous ferez souffrir ceux que vous aimez. Défaire toutes ces connections qui sont bien ancrées dans notre esprit n'a rien de facile, mais souhaitez-vous vraiment vous arrêtez à cela, s'il y a une chance que les choses puissent être différentes ?

Aimer, c'est savoir recevoir


Nous pensons souvent que nous devons donner, et ne pas recevoir. Comme si l'un était possible sans l'autre. Comme si ce n'était pas donner que de laisser l'autre nous faire du bien, nous donner de l'amour, et qu'il puisse voir à quel point cela nous touche, à quel point nous sommes reconnaissants. Comme si ce n'était pas recevoir que de regarder l'autre être apaisé par notre geste aimant. J'ai appris qu'aimer ce n'est pas savoir donner : c'est savoir donner en recevant, et recevoir en donnant.

Je pourrais encore écrire de nombreuses pages sur l'amour, et peut-être le ferais-je dans d'autres articles. Mais pour clore celui-ci, j'aimerais dire qu'aimer, c'est voir l'expression d'un autre être comme une poésie dont on ne peut que saisir la fragrance, qui lui est unique, irremplaçable, précieuse, et qu'on souhaite juste contempler un instant de plus, dans l'intense bonheur de son existence.

Emy Phoenix Dans mes articles, je fais beaucoup d'affirmations. C'est difficile pour moi car en tant qu'ancienne étudiante en philosophie, je voudrais expliquer en détail ma pensée et donner des arguments solides, mais cela ne convient pas au court format de ces articles. Je voudrais juste préciser que je ne prétend pas dire une vérité générale, juste ma propre vérité à ce moment précis de ma vie, qui va changer et évoluer au fil du temps.

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